Rabat: un ancien fort militaire transformé en musée de la photographie


Un musée dédié à la photographie ouvre ses portes mercredi à Rabat avec une exposition de jeunes talents dans un ancien fort militaire restauré dans le cadre d’un programme destiné à transformer la capitale administrative en « capitale culturelle ».

« Notre voie », la première exposition, a été confiée au break-dancer Yoriyas, spécialiste de la photographie de rue, qui a rassemblé des talents reconnus et de jeunes autodidactes de l’image repérés au Maroc sur les réseaux sociaux.

« La nouvelle génération est dangereuse, elle arrive avec des idées fortes », a plaisanté le directeur du nouveau musée Soufiane Er-Rahoui pendant le vernissage.

Les photographies présentées dans le blockhaus et sur ses fortifications donnent un aperçu d’une jeunesse en pleine mutation et de ses questionnements.


Pour Mehdi Qotbi, le directeur de la Fondation nationale des musées, la démocratisation de la culture est cruciale pour « détourner les jeunes de l’obscurantisme et de l’extrémisme et pour les amener vers la lumière ».

L’exposition coïncide avec une série de sanctions judiciaires avec des peines de prison ferme visant de jeunes Marocains pour des publications sur les réseaux sociaux jugées offensantes par les autorités.

« Murmures de murs», une des séries présentées au nouveau musée, évoque « les yeux qui peuvent voir ce que l’on fait, les oreilles qui écoutent ce que l’on dit » et l’obligation de « faire attention en parlant des sujets polémiques ».

Fatima Zohra Serri, une comptable âgée de 24 ans issue d’un milieu conservateur, parle pour sa part de la position de la femme dans la société marocaine, avec des images audacieuses pulvérisant les codes traditionnels sur le corps, le voile, l’espace domestique.

Le jeune Mourad Fedouache, âgé de 19 ans, vendeur de citrouilles sur un marché local, présente, lui, des images de son quotidien prise avec son téléphone portable.

 

Une « forme de thérapie » pour ce jeune qui, comme beaucoup de ses compatriotes sans perspective d’avenir, rêvait « d’émigrer illégalement » de son pays pour « fuir les inégalités », comme il l’a dit à l’AFP.

Lancé en 2014, le projet « Rabat, capitale culturelle » inclut différents grands chantiers de mise en valeur du patrimoine et l’organisation d’événements culturels de prestige comme la récente biennale d’art contemporain qui a réuni plus de 140.000 visiteurs en trois mois.

Un grand théâtre conçu par l’architecte irakienne Zaha Hadid, figure du mouvement déconstructiviste, doit ouvrir ses portes dans les prochains mois.

 

Par H24Info.ma avec AFP/