Lil Zoo : Un Marocain à Rio


Le 8 Décembre prochain sera organisée la finale du Red Bull BC One, championnat de BreakDance, à Rio de Janeiro au Brésil. Ce championnat est considéré comme «la Coupe du Monde, la final NBA de la danse ou la compétition reine de Breakdance» où les 16 meilleurs B-Boys du Monde s’affronteront dans des Battles One To One. Mais, détail très important, les juges verront la participation exceptionnelle de l’unique qualifié marocain, africain et oriental : Lil Zoo.

 Lil Zoo ou Fouad Ambelj de son vrai nom, c’est le parcours atypique d’un Marocain qui porte l’espoir de toute une génération de danseurs sur ses épaules ! Joint au téléphone peu de temps avant son départ, il nous raconte le stress qui l’habite et les ambitions qui l’animent avant la grande finale à la «Cidade Maravilhosa». Portrait du meilleur breaker marocain !

Le 14 septembre dernier à Marrakech, la vie de Fouad  a basculé du tout au tout, de l’anonymat à la notoriété mondiale. La ville Ocre accueillait ce soir là, la finale Africa-MENA de la compétition (de renom) de Breakdance RedBull BC-ONE. Après avoir participé avec son équipe, Lhiba KingZoo, il se retrouve en finale et décroche le Grâal après avoir battu son mentor et coéquipier YORIYAS.

Le Breakdance est méconnu au Maroc en tant que «sport», sans aucune fédération dédiée, des salles spécialisées et autres avantages d’être adossé à une institution. Le Breakdance a émergé au Maroc au début des années 90 mais l’origine de ce style d’ «art» et de danse est né dans les quartiers New Yorkais du Bronx et de Harlem dans les années 1970. Il est extrêmement difficile de dater précisément une genèse du breakdance. À la fin des années 1970, La Grosse Pomme est un vivier cosmopolite où chaque couche d’immigration a développé son style de danse. Il est vraisemblable que les danses les plus populaires à l’époque étaient le «good foot» et le «popcorn», inspirées des chansons de  James Brown.

 

Mais depuis les Afrika Bambatta, Zulu Nation et autres ont donné une consistance à cet art. Les adeptes deviennent plus forts physiquement et ajoutent des techniques de combat pour l’esthétisme des chorégraphies comme de la Capoeira ou du Ju Jitsu.

 

Mais revenons à Lil Zoo … Pourquoi Lil Zoo ? Simple, il est le plus jeune de son groupe LHIBA KINGZOO (NDLR Lil diminutif de Litlle) , équipe de jeunes danseurs casablancais qui ont grandi et qui se sont entrainés dans le parc près de leur logement dans la périphérie de Casablanca, surnommé … le Zoo !

Lil Zoo, Fouad Ambelj a commencé en 1993, et ses débuts sont typiques des «danseurs de rue», il regarde, apprend, refait les figures dans sa chambre et devient membre à part entière du «crew» il y a trois ans. Il remporte des trophées, des prix … mais le monde du breakdance ne fait pas énormément écho au Maroc et reste une pratique assimilée (comme beaucoup d’autres … ) à de l’amusement ou pour certaines familles au Maroc à du «dévergondage» ou comme on dit chez nous «Tfalya».

L’émergence de la scène B-Boy au Maroca commencé en 1990 à Casablanca d’après Yoriyas, jeune danseur de Casa, et jusqu’à maintenant 50% des danseurs vivent à Casablanca et les autres danseurs du Royaume peuvent rarement s’affronter ou se rencontrer dans une compétition. Mais bien évidemment grâce à la pénétration d’Internet au Maroc et le nombre de mobiles vendus, les vidéos ont été partagées un nombre incalculable de fois, au point d’attirer vers le début des années 2000, les spécialistes de la scène BreakDance et les sponsors comme RedBull qui, d’après eux et nos confrères contactés, ont été impressionnés par la qualité des chorégraphies, ajoutant que les danseurs marocains ont une «touche» unique au niveau des Battles !

 

Heureusement aujourd’hui la donne a changé. Les compétitions sont organisées en partenariat avec La fédération d’aérobique et de Fitness qui se démène pour trouver des salles et agréger le plus grand nombre de pratiquants lors des compétitions. Mais facteur social important, les jeunes danseurs sont poussés aujourd’hui par  leurs parents à pratiquer leur passion, même dans les milieux défavorisés, car des destins comme celui de Fouad ne sont pas fruits du hasard mais une juste récompense du travail accompli !

A la dernière compétition à Marrakech, où les gladiateurs de la danse se sont affrontés dans ce lieu atypique qu’est le Théâtre Royal, le dernier mot est revenu à Lil Zoo. Le 8 décembre prochain, les yeux seront rivés vers Rio et la compétition ultime de Breakdance.
Marie Claude Pietragalla, chorégraphe et danseuse étoile, disait en parlant de la danse que c’est un moyen de s’interroger, d’aller au plus profond de soi même. Espérons que ce jeune homme de 19 ans saura puiser la force qui est en lui pour éclabousser le public brésilien de son talent !

 

Journaliste: Hassan Marine